Le 49.3 de TROP !

Ce jeudi 16 mars, Emmanuel Macron a pris la décision brutale d’utiliser une nouvelle fois l’article 49.3 pour faire passer, en force, la contre-réforme des retraites ; texte injuste, impopulaire, auquel les citoyen-nes, leurs représentant-es et leurs organisations syndicales, s’opposent depuis des mois.

Notre groupe Écologie et Solidarité dénonce un acte grave, qui participe,
toujours plus, à l’affaiblissement de notre démocratie.

Depuis l’installation de la nouvelle Assemblée nationale, en juin 2022, le gouvernement d’Élisabeth Borne multiplie les actions, sans retenue, pour imposer sa voix, faute de majorité et limiter la tenue de débats.
L’examen de la réforme des retraites est devenu le point d’orgue de cette politique. En détournant le droit et en choisissant de faire passer cette contre-réforme par un projet de loi de financement rectificatif de la Sécurité Sociale, il phagocyte le travail démocratique. Ainsi, le cadre de ce texte budgétaire a permis d’user librement du 49.3, mais a aussi restreint la longueur des débats, conditionnant son examen par le Parlement dans un maximum de 50 jours. De la même manière, l’usage de l’article 44.3 au Sénat a imposé un vote « bloqué », obligeant les élu-es à se positionner sur cette loi d’un seul tenant, sans regarder article par article.

Aujourd’hui, avec cette onzième utilisation de l’article 49.3, le onzième passage en force en moins d’un an, Emmanuel Macron acte son divorce avec les Français-es. Alors que 80 % de la population, 93 % des actifs, est opposé à la réforme, le Président de la République et sa Première ministre choisissent sciemment d’ignorer les revendications, qu’il s’agisse des syndicats, des membres élus de l’opposition et du peuple même, descendu manifester dans les proportions les plus massives depuis plus de cinquante ans.

Isolés, les membres du gouvernement et les parlementaires Renaissance semblent toujours plus se déconnecter des réalités vécues quotidiennement par de nombreux Français-es. Cette position attise une colère sociale, collective que l’on ressent tout particulièrement à l’échelle des territoires, nourrie par une impression constante d’absence de respect de la part d’une classe dirigeante sourde. Et si le rejet massif de la réforme a quelque peu érodé les positions de certains parlementaires de droite et d’extrême droite, toute chance de débat s’est vu muselée, une nouvelle fois, par l’usage du 49.3.

Les mobilisations massives et spontanées du jeudi 16 mars, au soir, mais aussi toutes celles survenues durant le week-end qui a suivi, sont un exemple de plus. Elles montrent la colère qui s’étend et la défiance. Peut-on croire que la dérive autoritaire du gouvernement sera sans effet sur le long terme ? Réduire constamment le débat parlementaire et renier la portée des mouvements de contestation n’est pas acceptable et porte atteinte à notre démocratie.

Aujourd’hui, il est temps d’entendre la colère de la rue, la colère de la majorité des Français-es, de ceux et celles qui refusent de travailler deux ans de plus sans raison, pour n’obtenir aucune contrepartie.

Notre groupe, Ecologie et Solidarité soutiendra les actions spontanées ou organisées par les syndicats dans le cadre de la lutte contre la contre-réforme des retraites.

Nous appelons également les parlementaires de tous bords à voter la motion de censure.