À Chinon, Belleville ou ailleurs, les projets d’EPR ne sont pas des solutions face au défi climatique

Plusieurs articles de presse ont fait état ces derniers jours de la mobilisation d’une vingtaine d’élu·es visant à convaincre le ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle, Bruno Le Maire, de construire deux nouveaux réacteurs EPR sur le site de la centrale nucléaire de Belleville-sur-Loire (Cher). Il y a quelques mois, le même type de mobilisation a eu lieu pour que ce soit la centrale de Chinon (Indre-et-Loire) qui accueille deux EPR.

Ces élu.es devraient s’intéresser aux déboires des EPR et à la dérive faramineuse de leurs factures :

  • En 2007, le chantier de l’EPR de Flamanville (Manche) devait durer 5 ans, pour un coût de 3,4 milliards d’euros. De report en report, il devrait finalement durer au moins 17 ans, pour une facture désormais estimée à 19,1 milliards par la Cour des Comptes.
  • En Angleterre, EDF vient de repousser une nouvelle fois la perspective de la mise en service du premier réacteur EPR de la centrale d’Hinkley Point C. Son coût est réévalué à entre 31 et 34 milliards de livres en valeur 2015, contre 18 milliards au début du projet en 2016.

Ces élu.es devraient aussi se préoccuper de la problématique de l’eau.
Évaporation, réchauffement et pollution sont les effets secondaires de la production nucléaire sur un fleuve tel que la Loire. Alors que l’on vit une raréfaction de la ressource, le refroidissement des réacteurs nécessite le maintien d’un débit minimum dont nous ignorons s’il pourra être assuré dans plusieurs décennies. À l’inverse, les premiers sites sur lesquels le gouvernement entend construire des EPR (Penly et Gravelines, après Flamanville) sont situés sur les côtes et pourraient donc être mis en danger par la montée du niveau de la mer.

Pour le groupe Écologie et Solidarité au Conseil régional Centre – Val de Loire, le projet d’Emmanuel Macron d’engager la construction de 6 et maintenant 14 réacteurs EPR constitue davantage un obstacle qu’une solution face aux enjeux climatiques et énergétiques du 21ème siècle.
Tout miser sur le nucléaire et les EPR, comme le fait le gouvernement, c’est parier sur des hypothèses très incertaines en matière de maîtrise technologique et financière, tout en ne générant aucune économie de CO2 avant au moins 2040 !
Le choix du gouvernement ne répond donc pas à l’urgence climatique.

Hasard du calendrier, l’EPR d’Hinckley Point accuse un retard qui fait passer son coût pour EDF de 18 milliards à 34 milliards de livres sterling et les tarifs de l’électricité sont revus à la hausse de 10%. Pendant ce temps en Espagne la moitié de la production d’électricité est du renouvelable et les tarifs sont maitrisés. Cherchez l’erreur !

Betsabée Haas, Présidente du groupe Écologie et Solidarité au Conseil régional Centre – Val de Loire

La course effrénée vers le tout-nucléaire hypothèque l’avenir énergétique de la France, parce qu’elle se heurtera aux difficultés d’approvisionnement, aux limites des réserves d’uranium et aux risques géopolitiques, et parce que les coûts considérables inhérents à ce programme conduiront inévitablement à limiter les investissements en faveur de la sobriété, de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables.

Or c’est justement d’investissements massifs vers ces solutions dont nous avons besoin pour réduire les émissions de gaz à effet de serre d’au moins 55 % d’ici 2030 (par rapport à 1990) et d’atteindre la neutralité carbone en 2050.

Aujourd’hui, il est indispensable d’orienter la politique nationale vers la sobriété et la production d’énergies renouvelables par et pour les citoyens et les territoires. Ce sont les vraies clés pour la souveraineté énergétique, celle de la France comme celle des territoires de la région Centre – Val de Loire.

Jérémie Godet, vice-Président du Conseil régional Centre – Val de Loire délégué, notamment, au Climat, aux Transformations écologiques et sociales des politiques publiques, à la Transition énergétique.