COMMUNIQUE
Ce mardi 21 mars, l’Assemblée nationale a adopté en première lecture le projet de loi d’accélération du nucléaire, grâce aux voix d’une droite unie, les trois groupes de la coalition présidentielle, les Républicains et le Rassemblement National, mais également de celles d’une partie des élu-es Communistes.
Après un vote favorable du Sénat en janvier, les députés ont choisi de suivre la position du gouvernement et de la ministre de la Transition Énergétique Agnès Pannier-Runacher : impacter et entraver la transition énergétique de notre pays pour de nombreuses années.
Notre groupe Écologie et Solidarité dénonce ce projet de loi et déplore ce vote
Étudié en toute discrétion, en pleine tempête contre la réforme des Retraites, ce texte ne bénéficie pas, aujourd’hui, de l’exposition médiatique qui devrait être la sienne et encore moins d’une place suffisante pour une parole citoyenne. Il a d’ailleurs été voté au Sénat au mois de janvier… alors que le débat public sur le projet d’EPR à Penly était encore en cours. Les Français et Françaises ont à peine eu l’opportunité de se positionner sur l’avenir énergétique qu’ils – elles souhaiteraient voir mis en place.
Les alertes se multiplient, pourtant, sur les risques présents et à venir. Elles rappellent toutes les contradictions et préjugés qui nourrissent l’argumentaire pro-nucléaire. Bien loin de ces stéréotypes, la situation actuelle devrait nous pousser à plus de retenu et de prudence :
- L’indépendance énergétique de la filière nucléaire est illusoire car l’uranium utilisé dans les centrales vient essentiellement du Niger, du Canada, du Kazakhstan et de l’Ouzbékistan. Plus d’un an après le début de l’invasion de l’Ukraine, des cargos d’uranium continuent d’arriver en provenance de Russie !
- La question de l’eau est au centre des préoccupations. Évaporation, réchauffement et pollution… sont les effets secondaires de la production nucléaire sur les fleuves comme la Loire alors que l’on vit une raréfaction de la ressource. A l’inverse, les premiers projets d’EPR voulus par Emmanuel Macron, sont annoncés sur les côtes (Penly et Gravelines) et pourrait être mis en danger par la montée du niveau de la mer.
- La technologie des EPR n’est absolument pas prête. Le retard faramineux de l’EPR de Flamanville est symptomatique de cette situation où continuent d’être déversés des milliards d’argent public.
- On veut nous faire croire à une énergie « décarbonée », « propre ». Pourtant l’empreinte écologique des constructions, de la maintenance, des déchets, de l’approvisionnement est gigantesque, à l’heure même où le changement climatique exige des réponses rapides et massives.
- Le modèle nucléaire ne nous protège pas financièrement. Un pays comme l’Espagne, qui a massivement investi dans les énergies renouvelables évalue ses coûts de production à 155 €/MWh contre 493 €/MWh en France.
Aujourd’hui, le projet de loi d’accélération du nucléaire est un blanc-seing.
Il permettra la réduction des procédures et des délais, facilitera les démarches administratives en vue de la construction de six nouveaux réacteurs EPR et peut-être huit de plus. Il allongera la vie des centrales au-delà de 60 ans contre 40 ans aujourd’hui, et repoussera l’étude de la vulnérabilité des installations. Il durcira les peines pour les lanceurs d’alerte et militants anti-nucléaires en cas d’intrusion dans une centrale…
Le 6ème rapport du GIEC, rendu public il y a quelques jours, est sans appel : il faut réduire de moitié nos émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030. Or, il faut quinze à vingt ans pour construire une centrale nucléaire. Le choix du gouvernement français ne répond pas à l’urgence climatique. Il est donc irresponsable d’accepter un tel texte et d’hypothéquer l’avenir énergétique du pays dans une course effrénée vers le tout-nucléaire.
Aujourd’hui, il est indispensable d’orienter la politique énergétique nationale vers la sobriété et la production d’énergies renouvelables.
Ce sont les vraies clés pour la souveraineté énergétique de la France.