VOEU présenté par le groupe Ecologie et Solidarité lors de la session plénière du 18 avril 2024.
VOEU rejeté.
Nous présentons ce voeu de bon sens afin que le gouvernement prenne acte de son manque d’anticipation, de vision pour la jeunesse et qu’il annuel la tenue de ces stages qui vont manquer leur cible.
Les secondes en enseignement général viennent faire concurrence aux secondes en bac professionnel.
Les jeunes de famille aisée et qui ont du réseau font concurrence à ceux qui n’en ont pas.
Les jeunes de familles pauvres de quartier prioritaire ou en ruralité auront les stages dit « kebab ».Bien que la quasi totalité de l’hémicycle est choisi de ne pas prendre position en ne prenant pas part au vote, ce sont les voix contre du groupe SRC qui bloquent notre vœu.
Betsabée Haas, présidente du groupe Ecologie et Solidarité
C’est un réel regret de constater leur position…
TEXTE du VOEU :
A l’automne 2023, Gabriel Attal, alors ministre de l’éducation nationale et de la Jeunesse, a annoncé la mise en place dès 2024 d’un stage obligatoire d’observation en milieu professionnel en fin de seconde générale ou technologique, pour une durée de 15 jours, sur la deuxième quinzaine de juin. Cette annonce précipitée a bouleversé le calendrier de l’année scolaire en cours.
Un tel bricolage percute un autre dispositif mis en avant par le gouvernement, puisqu’il a été annoncé que les élèves ne trouvant pas de stage devraient participer au Service National Universel (SNU), ce qui constitue une manière détournée de rendre obligatoire le SNU. Les organisateurs du SNU ne connaîtront donc qu’au dernier moment le nombre de jeunes qu’ils devront encadrer.
Le ministre a également déclaré devant le patronat, sans que le décret publié depuis ne vienne le confirmer, que les jobs d’été pourraient également compter, preuve supplémentaire de l’impréparation de cette annonce.
Depuis 2005, un stage obligatoire a déjà été instauré en classe de troisième. Sans nier qu’il ait pu être bénéfique pour certains élèves, aucune étude sérieuse n’a démontré une utilité globale du dispositif. Plusieurs études ont cependant relevé les fortes inégalités sociales bridant l’aspect “découverte” de ce stage. Une part importante des élèves déclare ne pas avoir choisi leur stage et que celui-ci n’a pas eu de lien avec leur projet d’orientation. Cette part augmente fortement dans les classes populaires, parce que les parents ne disposent pas du réseau ou des codes pour faciliter la recherche de stage.
Or tout indique que le stage obligatoire en seconde sera encore plus clivant sur ce point.
En effet, là où chaque collège est libre d’organiser la période de stage, plus d’un demi million d’élèves de seconde générale ou technologique, dont près de 20 000 en Centre-Val de Loire, doivent chercher un stage au même moment.
Dans leur recherche, les élèves de seconde se trouvent mis en concurrence les uns avec les autres, et de surcroît font subir une concurrence forte aux élèves des filières professionnelles qui ont en moyenne deux stages obligatoires par an jusqu’au baccalauréat. Les employeurs potentiels vont être débordés de candidatures.
L’intérêt pédagogique sera également bridé par le calendrier. Alors que le stage de troisième est intégré au cours de l’année scolaire, le déroulement du stage de seconde à la fin du mois de juin interdit tout retour avec les enseignants ou avec des conseillers d’orientations. Aucun espace n’est donc prévu pour permettre à ce stage de participer à la construction de l’orientation de chaque jeune.
Siégeant dans les conseils d’administration des lycées, nous constatons que les difficultés liées à la mise en place de ce stage préoccupent fortement l’ensemble de la communauté éducative. Nationalement, le Conseil Supérieur de l’éducation (CSE) a massivement voté contre le projet. Cet avertissement aurait dû alerter le gouvernement. Dans la même période, les groupes de niveau au collège, dont les études partout dans le monde ont démontré qu’ils étaient nuisibles, sont également mis en œuvre malgré l’opposition unanime du CSE.
Le Conseil régional Centre Val de Loire, réuni en séance plénière le 18 avril 2024 à Orléans :
- interpelle le Rectorat sur l’impréparation du stage obligatoire en fin d’année de seconde, qui devrait conduire a minima à un report à l’année prochaine, après en avoir revu toutes les modalités pratiques ;
- s’interroge sur la démultiplication des stages sans garantie de qualité pour l’ensemble des élèves ;
- déplore que les jeunes soient mis en difficulté et en concurrence en raison de cette désorganisation ;
- s’oppose à la mise en place d’un stage obligatoire en entreprise, alors qu’on aurait pu imaginer d’autres types d’expériences éducatives.