VOEU co-présenté par le groupe Ecologie et Solidarité et par le groupe Communiste et Républicain lors de la session plénière du 10 novembre 2022.
VOEU rejeté.
TEXTE du VOEU
Depuis plusieurs mois, des associations, des citoyen.ne.s et des élu.e.s se mobilisent contre l’agrandissement de la porcherie industrielle de l’EARL Van den Broek, située sur le territoire des communes de Feusines et Pérassay, en Boischaut-Sud. Ce projet pourrait permettre à ce qui constitue déjà une mégaporcherie d’accueillir jusqu’à 9 225 animaux, pour vendre 15 600 porcs par an (soit 5 900 équivalents Unités Gros Bovin). La moyenne des porcheries de l’Indre est de 400 places. Par son gigantisme, il s’agit donc d’un projet comparable à la tristement fameuse « ferme des 1000 vaches » dans la Somme.
Au mois de mai 2022, une pétition y a recueilli plus de 35 000 signatures. Toutes les observations déposées lors de l’enquête publique ont été contre le projet. Le conseil municipal de Feusines s’est formellement opposé au projet.
Malgré tout cela, le préfet de l’Indre, Stéphane Bredin, a autorisé ce projet le 2 septembre dernier !
Les arguments ne manquent pourtant pas pour illustrer à quel point ce projet s’inscrit dans une conception industrielle et productiviste de l’agriculture et représente une menace pour la biodiversité, les écosystèmes, le bien-être animal et le vivre-ensemble, en termes :
- de surconsommation d’eau, dans un secteur où l’Indre était en assec cet été et où la Taissonne est régulièrement en rupture d’écoulement ;
- de pollution des eaux, dans un territoires déjà en Zone Vulnérable aux Nitrates (ZVN) ;
- de dégradation de la qualité des sols, du fait d’un flux d’azote et de phosphore au travers de l’épandage excessif au regard du potentiel de valorisation agronomique sur les sols agricoles de l’exploitation ;
- d’augmentation de la production de CO2, gaz à effet de serre, et d’ammoniac, gaz toxique précurseur des particules fines cancérigènes ;
- de mobilisation de terres, à proximité ou non, pour nourrir les porcs de cet élevage industriel et pour alimenter le méthaniseur qui y serait associé ;
- de maltraitance animale et d’augmentation des risques sanitaires, avec seulement 0,75 m2 par bête ;
- de déconnexion avec le territoire, puisque les porcs seraient abattus à Lapalisse (Allier), à 140 km de Feusines, alors qu’il existe un abattoir à La Châtre ;
- de nuisances induites par le passage de poids-lourds surdimensionnés par rapport aux routes de campagne des communes concernées : perturbation sonore, vibrations, pollution olfactive, pollution de l’air et de l’eau, route bloquée par des poids-lourds dont le gabarit empêche le passage de tout autre véhicule, etc.
Tout cela pour produire des porcs de qualité standard dite conventionnelle, c’est-à-dire de la plus basse qualité, pour l’industrie agro-alimentaire (Herta) !
La production d’une énergie vertueuse, via la méthanisation, apparaît comme ici un alibi. En effet, 60 % de la production énergétique de l’installation devrait servir au fonctionnement de la porcherie et de son méthaniseur, alors même que les bâtiments neufs ne prévoient aucune installation de panneaux photovoltaïques.
Le Conseil régional Centre-Val de Loire, réuni les 9 et 10 novembre 2022 à Châteauroux, s’oppose au projet d’extension de la porcherie industrielle de Feusines-Pérassay dans l’Indre, dangereux pour le climat, la ressource en eau et la biodiversité, et contraire à sa vision d’un élevage paysan à taille humaine, soucieux du bien-être animal, rémunérateur et autonome, en lien avec son territoire, assurant son rôle de préservation du bocage et des prairies.