TRIBUNE
En tant qu’élue régionale, vice-Présidente en charge de la culture et de la coopération internationale, c’est avec une incompréhension totale et une grande indignation que j’ai pris connaissance du message envoyé le 14 septembre par le ministère de la culture aux institutions culturelles du territoire national, sur instruction du ministère de l’Europe et des affaires étrangères. Cette décision est inédite et particulièrement grave.
En effet, dans le message relayé par les DRAC, le ministère intime aux acteurs culturels de : « suspendre, jusqu’à nouvel ordre, toute coopération avec les pays suivants : Mali, Niger, Burkina Faso. (…) Tous les projets de coopération qui sont menés par vos établissements ou vos services avec des institutions ou des ressortissants de ces trois pays doivent être suspendus, sans délai, et sans aucune exception. Tous les soutiens financiers doivent également être suspendus, y compris via des structures françaises, comme des associations par exemple. De la même manière, aucune invitation de tout ressortissant de ces pays ne doit être lancée. A compter de ce jour, la France ne délivre plus de visas pour les ressortissants de ces trois pays sans aucune exception, et ce jusqu’à nouvel ordre ».
Si depuis, il a été précisé par le ministère de la culture que cela ne concernait pas les artistes détenteurs d’un visa ou résidant en France, et qu’il n’était pas question de déprogrammer des artistes, il n’en reste pas moins que c’est ce qui arrivera si ces derniers n’ont pas la possibilité d’obtenir de visas. Par ailleurs, le retrait de leur aide à la mobilité, par le ministère de l’Europe et des affaires étrangères, à des étudiants ressortissants de ces mêmes trois pays, dont certains avaient déjà obtenus leur visa, démontre que cela ne suffit pas à garantir la possibilité effective de se rendre en France.
Que ces trois pays traversent des situations politiques complexes est un fait. Que l’Etat, par la voix de son ministère des affaires étrangères et de ses services déconcentrés, demande aux institutions culturelles un tel positionnement est inacceptable.
La coopération internationale et la solidarité entre
les peuples sont des valeurs essentielles de nos sociétés.
La création artistique, les projets culturels transcendent les frontières et offrent une voie propice à l’expression de la diversité, aux échanges, à la tolérance, et par là, au développement d’une culture de la paix.
L’enjeu des politiques culturelles nationales et internationales et celles des coopérations de manière générale, est bien d’encourager cette solidarité, ce dialogue et ces rencontres, plutôt que de les restreindre, surtout dans des situations de tension politique et diplomatique que les populations subissent et dont elles ne sont nullement responsables.
Je soutiens donc la demande du SYNDEAC et des professionnels du secteur culturel faite au ministère de la culture de renoncer à cette injonction, et réaffirme la nécessité de la solidarité de la France avec les peuples de ces pays. A cette fin, j’ai signé cet appel à la solidarité avec les artistes maliens, burkinabés et nigériens :
Delphine Benassy
Vice-Présidente déléguée à la Culture et à la Coopération Internationale