Va-t-on confier à une start-up la construction et l’exploitation d’un « mini-réacteur » nucléaire à Chinon ?

Les élu.es du groupe Écologie et Solidarité au Conseil régional ont découvert avec stupéfaction dans la Nouvelle République du 9 octobre le projet de « mini réacteur nucléaire » de 200 MWe porté par la start-up NEWCLEO, laquelle serait en pourparlers pour l’implanter sur le site de la centrale de Chinon (Indre-et-Loire).

Ce projet s’inscrit dans le cadre de l’appel à projets « réacteurs nucléaires innovants », dépendant lui-même du plan « France 2030 » présenté par Emmanuel Macron en 2021. Cet appel à projets dont NEWCLEO est lauréat vise à « favoriser l’émergence d’une offre française de petits réacteurs modulaires (SMR) d’ici 2035 », en complément de la volonté de l’Etat de construire des réacteurs EPR de 2ème génération.

Il est ici question de « mini-réacteur », mais de pas de mini budget !
Le prototype de mini-réacteur que NEWCLEO entend faire sortir de terre à horizon 2031 coûterait, avec son usine de traitement, au moins 3 milliards d’euros. Rappelons que le chantier de l’EPR de Flamanville devait lui aussi initialement coûter 3 milliards d’euros et qu’il aura coûté finalement plus de 19 milliards.

Quelle que soit la position des un·es et des autres sur le développement de l’énergie nucléaire – et l’opposition de notre groupe Écologie et Solidarité est bien connue – nous tenons à alerter sur le principe du recours à des start-up pour construire des « mini » réacteurs nucléaires.
Installer et exploiter un réacteur nucléaire soulève des questions de sécurité nationale et ne doit donc pas être confié au privé et a fortiori à une start-up !

La course effrénée vers le tout-nucléaire est en train d’hypothéquer l’avenir énergétique de la France.

Avec 3 000 milliards de dette publique, la France doit faire des arbitrages de bon sens afin d’assurer son indépendance énergétique. Les coûts considérables inhérents à ce programme conduiront inévitablement à limiter les investissements en faveur de la sobriété, de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables.
Or c’est justement d’investissements massifs vers ces solutions que nous avons besoin pour réduire les émissions de gaz à effet de serre d’au moins 55 % d’ici 2030 (par rapport à 1990) et d’atteindre la neutralité carbone en 2050.

» Aujourd’hui, il est indispensable d’orienter la politique énergétique nationale vers la sobriété et la production d’énergies renouvelables par et pour les citoyens et les territoires. Ce sont les vraies clés pour la souveraineté énergétique, celle de la France comme celles des territoires de la région Centre-Val de Loire «

Jérémie Godet, vice-président du Conseil régional, délégué notamment au climat et à la transition énergétique